
Daphné commença :
– J’ai vite su que vous alliez vous en rendre compte, c’était juste une question de temps. Bon, depuis toute petite, je suis amie avec Zoé. On était voisines. Toute notre enfance, nous étions chaque jour plus amies. Jusqu’à ce jour-là… Le jour de son accident…
Elle marqua une pause.
– Ce jour-là, elle devait se rendre chez sa grand-mère. Elle était très contente de la revoir. Elle adorait sa grand-mère. Donc, ce jour là, elle devait prendre le train toute seule. Quand j’y repense, je me souviens encore de comment elle trépignait d’impatience à l’idée de prendre le train toute seule ! Et moi qui l’enviais… Je ne sais pas très bien comment cela s’est passé, je veux dire… son accident. Tout ce que je sais, c’est que son père m’a appelée et m’a dit, en pleurant, qu’elle avait eu un accident très grave…
Daphnée se mit à sangloter. Elle avait l’air encore très affectée par ce qui était arrivé à son amie.
– Et là, dit-elle, j’ai pleuré. J’ai pleuré toute les larmes de mon corps en pensant à Zoé. J’ai pensé à tous nos jeux, à son sourire, à sa joie de vivre plus forte que tout, à son envie d’aller voir sa grand-mère… Et mon esprit m’a envoyé un message : “non, c’est injuste, pourquoi cela est arrivé à elle et pas à quelqu’un d’autre ?”
– Et ensuite ? la questionnais-je.
– Ensuite, j’ai mené une vie normale. Enfin, j’allais à l’école, je grandissais… Sauf qu’au fond de moi, j’étais triste. Les journées me paraissaient monotones ; les jours étaient semblables les uns aux autres.
– Et tu ne pouvais pas aller voir Zoé ? demanda Théo.
– Non, il n’y avait que ses parents qui pouvaient aller la voir à l’hôpital. Et puis un matin, elle est revenue. Comme ça. D’un coup. Mais elle avait changé. D’abord, elle était en fauteuil roulant, et puis elle était maigre. Elle avait des yeux tristes. Et, dès qu’elle m’a vue, son sourire est revenu. Il illuminait le monde ! C’est ça son pouvoir, nous dit Daphné, c’est son sourire. Dès qu’elle sourit, tout le monde est heureux. Moi mon pouvoir, c’est de comprendre les animaux et elle de rendre les autres heureux. La suite, vous la connaissez. Dès que j’ai su qu’elle avait disparu, j’ai eu l’impression que cela se répétait.
– Eh bien, je comprends maintenant ta tristesse. C’est terrible ce que tu as vécu, la réconforta Mia, compatissante.
– Mais tu ne nous as toujours pas dit qui sont “ils”, intervint Théo.
– Ah, ce n’est pas si important…
– S’il te plait, Daphnée, dis-le nous ! m’exclamai-je.
– Bon, c’est Aurore et Léon. Je crois qu’ils ont compris eux aussi que je cache quelque chose. Il vaut mieux qu’ils ne me trouvent pas avec vous.
Sur ce, elle détala.
A suivre
Disparition. Episode 3, Début de l’enquête
Disparition. Episode 5, Déception