Les activités proposées par l’école n’occupaient pas mon temps libre : au début de l’année, j’étais très motivée pour m’inscrire mais depuis la disparition de Zoé, je ne m’y étais pas plus intéressée que cela… De plus, les devoirs qui, je pensais, allaient être peu importants, tout au contraire, ne l’étaient pas et la conséquence directe était mon manque de temps pour mener mon enquête donc mon manque de sommeil. Moi qui étais toujours ponctuelle avant mon arrivée à l’académie Briselégère, on pourrait dire que j’avais quelque peu changé : le matin, en sortant de mon lit, je ressemblais à un ours très antipathique… Je titubais jusqu’à la salle de bain pour brosser ma chevelure hirsute, réprimant un bâillement et je me passais de l’eau sur le visage pour retrouver mes pensées et mon contrôle de moi.

Exactement comme le matin de ce vendredi 6 septembre. Après ma routine habituelle, je me rendis à la cantine pour mon premier repas de la journée. J’engloutis mon petit-déjeuner avec appétit et je courus regarder mon emploi du temps de la journée. 

Je devrais tout d’abord me rendre au cours de médecine, puis de littérature magique pendant deux heures, ensuite je reviendrai manger à la cantine et enfin je devrais assister au cours d’étude des différentes civilisations magiques et non-magiques.

Une belle journée en perspective !

Lorsque la cloche retentit, j’étais fièrement dressée devant la salle de médecine, pour une fois ponctuelle et fidèle à mes anciennes habitudes. J’observais cette vaste pièce tandis que les élèves arrivaient petit à petit. La salle, avec son immense baie vitrée, offrait un magnifique panorama du cadre enchanté de l’école : on pouvait voir le potager, la forêt, la mer qui s’étendait à perte de vue ainsi qu’au loin, le continent. On pouvait voir passer des oiseaux si ce n’était pas des espèces d’animaux non identifiables… La salle était agencée de façon à ce que tous les élèves puissent voir le tableau qui prônait en maître au bout de la salle. Cinq grandes tables en bois pour trois élèves se tenaient dans la salle. Une autre immense table regorgeait d’ingrédients nécessaires pour préparer toutes sortes de remèdes.

Une fois la classe entièrement arrivée, la professeure, une vieille femme toute ratatinée mais avec des cheveux d’un étonnant rose avec, il me semble, quelque paillettes dans les cheveux (roses elles aussi), nous fit entrer. Je m’installai près des baies vitrées et sortis mes affaires. La classe était étonnamment calme ce matin, elle pourtant d’habitude si agitée et bavarde. Que s’était-il passé ? Ne prêtant attention qu’à mes interrogations, je remarquai après quelque temps que Théo, Mia et Daphnée me regardaient étrangement.

Mine de rien, je m’avançai dans la salle en essayant de comprendre quelle était l’origine de cette étrange atmosphère. Je m’installai à une table du premier rang tout en formulant secrètement de multiples hypothèses. Étonnamment, Mia, Théo et Daphnée s’assirent à l’opposé de ma place. Ils avaient les regards fuyants et semblaient m’éviter. Je me retrouvai donc entourée de deux personnes de ma classe dont je n’avais pas encore eu l’occasion de faire la connaissance.

La professeure nous distribua une sorte de recette ainsi que les ingrédients nécessaires à sa préparation. C’était, je pense, les instructions de la préparation d’un médicament. Par groupe de trois, nous devions exécuter la recette. Automatiquement, nous étions en groupe avec nos voisins de table. Les places, comme dans chaque cours, étaient définitives donc, si nous étions assis à côté de personnes que nous n’apprécions pas, il n’y avait aucun moyen de changer de place.

Mes camarades de table s’appellaient Charlotte et Hector. Ils avaient plutôt l’air sympathiques. Certains ingrédients étaient farfelus : on pouvait observer une fiole de bave de lama laineux ainsi qu’un poil de moustache du yéti. La professeure nous expliqua : 

– Donc, par groupe de trois, donc, vous allez donc devoir fabriquer ce médicament. Si vous terminez dans les temps et faites le meilleur médicament, donc vous gagnerez donc une feuille d’eucalyptus chacun. Donc vous pouvez commencer quand vous voulez donc.

Quelle drôle de manie de répéter “donc” tous les deux mots ! Je pouffai discrètement derrière ma main. A côté de moi, Charlotte et Hector restaient sérieux et semblaient très concentrés. Je me redressai donc et j’essayai donc de rester attentive. Oh non, me voilà contaminée par la malédiction des “donc”… 

Charlotte était déjà en train d’étaler les ingrédients et discutait avec Hector des propriétés des feuilles d’eucalyptus. Voyant que je ne faisais rien, elle me dit timidement : 

– Tu pourrais aller chercher les ustensiles, par exemple.

Une fois les ustensiles apportés, sans erreur de ma part après de nombreux aller-retours, nous commençâmes la préparation. Ce médicament, malgré ses drôles d’ingrédients, était plutôt simple à réaliser. N’étant pas très forte en cuisine, je suppose que c’était surtout grâce à la présence de Charlotte et Hector, qui, eux, étaient passionnés par les soins. 

Nous avions terminé dans les temps et la professeure sembla impressionnée par notre médicament : nous obtînmes facilement les feuilles d’eucalyptus. Ne sachant pas quelles étaient leurs propriétés, je me renseignai auprès de Charlotte qui m’expliqua : 

– Les feuilles d’eucalyptus sont souvent utilisées dans les soins pour leurs propriétés curatives mais une légende dit qu’elles peuvent aussi retrouver les objets perdus ou les personnes… 

Anna

A suivre…

Disparition. Episode 6, Paillettes